Quatrième étape : Inventaire (7/10)

La maltraitance

Nous devons être extrêmement prudents avant de commencer cette section. En fait, il se peut que nous souhaitions la reporter à plus tard. Mais, si nous décidons d’entreprendre immédiatement ce travail, nous devons utiliser trois ressources dont nous disposons : la conscience de savoir si nous sommes prêts ou non à supporter la souffrance que ce travail va occasionner, la possibilité de discuter avec notre parrain ou notre marraine, et la prière. Si ces ressources semblent trop faibles, nous devrons recourir à une aide extérieure.

Lorsque nous décidons de travailler cette section de la quatrième étape, nous devons être conscients que ce domaine constituera probablement le travail le plus douloureux que nous aurons à faire en rétablissement. Inventorier les situations au cours desquelles nous avons été négligés ou blessés par les personnes qui au contraire auraient dû nous protéger et nous aimer provoquera en nous, inévitablement, certaines des émotions les plus douloureuses que nous aurons à ressentir dans la vie. Cependant, il est important de la faire lorsque nous sommes prêts. Aussi longtemps que nous garderons enfouis au fond de nous-mêmes un secret qui nous fait souffrir, cela pourra nous entraîner à agir contre notre volonté, contribuer à forger une image négative de nous-mêmes, ou encore créer d’autres croyances destructrices. Mettre à jour la vérité enclenche un processus qui peut soulager notre douleur. Nous n’étions pas responsable.

Ai-je déjà subi de mauvais traitements ? De la part de qui ? Quelles émotions ai-je ressenties ou ai-je encore aujourd’hui à ce propos ?

J’ai subi de mauvais traitements. J’ai été nié, négligé, manipulé, abusé, humilié, frappé, abandonné. Mes parents ont été maltraitant. Les émotions les plus à l’oeuvre durant cette période ont été la peur et la colère. Aujourd’hui, un enfant sauvage, révolté et en colère sommeille toujours en moi.

Est-ce que cela a affecté mes relations avec les autres ? De quelle façon ?

Les conséquences de la maltraitance de mes parents ont invariablement affecté mes relations avec les autres, je pense notamment à :

• la déconstruction du cercle de mes relations intimes (famille, femme, enfant…) : En repoussant toutes les relations entraînant un lien de proximité, je m’isole.
  
• une interprétation froide et pragmatique des intentions des autres et du monde : En portant souvent une vision sans concession, je suis défiant.
  
• une révolte structurelle à l’égard de toute autorité : En m’opposant quasi systématiquement à tous les systèmes et leaders, je m’exclus.
  

Me suis-je senti victime une bonne partie de ma vie parce que j’avais été maltraité durant mon enfance ? Quelle démarche puis-je entreprendre pour restaurer mon intégrité spirituelle ? Ma puissance supérieure peut-elle m’aider ? Comment ?

Je ne me suis pas senti victime, je suis une victime (la nuance est grande). Je n’ai pas eu les moyens de m’apitoyer car il fallait survivre et vivre. J’ai du coup pris conscience tardivement de la maltraitance dont j’ai été victime. Ma dépendance active participait, entre autre, de mon déni de maltraitance. Plutôt qu’être victime, j’étais pour moi-même coupable. Il aura fallu déconstruire le conditionnement et casser le déni pour prendre conscience de la maltraitance et de la réalité d’être une victime. La plus grande démarche que j’ai pu entreprendre pour restaurer mon intégrité spirituelle aura été de reconnaître ce passé et d’accepter la personne que je suis. Ma puissance supérieure aura été et reste mon guide le plus précieux. Je m’y abandonne corps et âme. J’ai toute confiance dans mon essence et mon existence même si je doute également.

Il est possible aussi que nous ayons, à notre tour, maltraité les autres physiquement, mentalement ou verbalement. Raconter ces faits nous conduira probablement à nous sentir extrêmement honteux. Nous ne pouvons nous permettre de laisser cette honte se transformer en désespoir. Il est important pour nous de faire face à ce comportement, d’en accepter la responsabilité, et de travailler à le changer. Ecrire à ce sujet aujourd’hui constitue le premier pas à faire dans ce sens. Travailler les étapes suivantes nous aidera à faire amende honorable pour le mal que nous avons fait aux autres.

Ai-je déjà fait subir des mauvais traitements à une autre personne ? A qui et comment ?

Je n’ai pas fait subir de mauvais traitements à une autre personne. Je pense que mon isolement structurel vise également à prévenir ce genre de dérive. En vivant seul, j’évite la promiscuité, le risque de conflit et de réaction violente. Je suis potentiellement maltraitant et violent. Je préviens donc depuis toujours ce risque.

Qu’est-ce que j’ai ressenti et pensé juste avant de faire le mal ?

Je ne me suis pas retrouvé dans la situation de faire subir des mauvais traitements à une autre personne (ou a un animal). Je peux cependant dans des situations beaucoup plus légères, comme gronder un enfant ou mettre une tape à un animal domestique, ressentir une infini détresse. Mon passé d’enfant maltraité fait surgir une empathie telle que je suis incapable de maltraitance. Je pense cependant que dans certaines situations, comme par exemple un enfermement durable, je serais capable de faire le mal car j’ai beaucoup de violence potentielle en moi. Je fais en sorte de ne pas me trouver dans de telles situations.

En ai-je rejeté la responsabilité sur ma victime, ou ai-je cherché des excuses à mon comportement ? Décrire.

Je ne me suis pas retrouvé dans la situation de faire subir des mauvais traitements à une autre personne.

Suis-je persuadé que ma puissance supérieure agit dans ma vie et subvient à mes besoins de telle sorte que je n’aie plus à refaire de mal à qui que ce soit ? Suis-je prêt à vivre avec des sentiments douloureux jusqu’à ce qu’ils disparaissent grâce au travail des étapes ?

Je ne me suis pas retrouvé dans la situation de faire subir des mauvais traitements à une autre personne.