Les réserves
Les réserves sont ces réticences sur notre programme que nous réservons pour une rechute éventuelle. Elles se sont peut-être formées autour de l’idée qu’il est possible de garder une petite part de contrôle, quelque chose comme : « bon ! d’accord ! je ne peux pas contrôler ma consommation de drogue, mais je peux encore en vendre, non ? ». C’est, par exemple, croire qu’il est possible de continuer de fréquenter ceux qui nous fournissaient de la drogue ou ceux avec qui nous consommions, ou encore croire que certaines parties du programme ne s’appliquent pas à nous. C’est être persuadé qu’il existe des événements qu’on ne peut vivre abstinents, telle une maladie grave ou la mort d’une personne chère, et qu’il est possible de s’autoriser à reconsommer pour cette occasion. C’est aussi imaginer qu’après avoir atteint certains objectifs, amassé une certaine somme d’argent ou être restés abstinents un certain nombre d’années, que nous serons capables de contrôler notre consommation. En général, les réserves sont enfouies au fond de notre esprit et nous ne sommes pas complètement conscient de leur présence. Il est essentiel que nous les mettions au grand jour et que nous nous en débarrassions, ici et maintenant.
Ai-je pleinement accepté ma maladie ?
Je suis intimement convaincu d’être dépendant des produits modifiants le comportement. Cette prise de conscience est survenue avec le constat de ne plus pouvoir contrôler ma consommation. J’ai entendu pour la première fois parler de maladie en 2011 dans les groupes de paroles en 12 étapes. J’ai eu des réserves sur la notion de « maladie » que je n’identifiais pas encore par moi-même jusqu’en 2014. C’est à partir du moment où j’ai pris conscience que je compulsais sur les produits modifiant le comportement, que j’adhérais à l’idée que la compulsion était une singularité physiologique, que la compulsion ouvrait l’obsession et que l’obsession rendait ma dépendance active, que j’ai en 2015 pleinement accepté ma maladie.
Est-ce que je pense pouvoir encore fréquenter les gens avec qui je consommais ? Est-ce que je peux aller encore dans les endroits où j’ai consommé ? Est-ce que je pense qu’il est prudent de conserver de la drogue ou le matériel pour la consommer, juste pour « me souvenir d’où je viens » ou pour mettre à l’épreuve mon rétablissement ? Si oui, pourquoi ?
Je crois que l’ensemble des réponses qui vont suivre sont à nuancer en fonction de la durée d’abstinence, de l’implication dans la fraternité comme du recul que l’on a sur sa dépendance.
Je crois impossible de pouvoir encore fréquenter les gens avec qui je consommais. D’une part parce que je ne souhaiterais pas me soumettre à la tentation et d’autre part parce que nos affinités auraient disparues (qui se ressemble s’assemble). S’ils cessaient de consommer cela deviendrait sans doute possible. Je garde cependant la réserve de pouvoir tendre la main à un ami qui souffre encore dans la mesure où je suis convaincu à 100% de pouvoir maintenir durablement mon abstinence.
Je formule le même esprit de réponse que précédemment pour les lieux.
Je pense très imprudent de conserver de la drogue ou le matériel pour la consommer quelle qu’en soit le motif. Je ne le fais pas. Je n’en ai plus l’usage et souhaite ne plus jamais en avoir l’usage.
Quelle épreuve me donne l’impression d’être insurmontable en restant abstinent ? Quels événements, parmi ceux qui pourraient arriver, risqueraient de m’atteindre au point où je me sentirais dans l’obligation de reconsommer pour survivre à la douleur ?
Aucune épreuve comme aucun événement ne justifierait que je puisse reconsommer. Je suis intimement convaincu que quel que soit l’épreuve comme l’évènement qui pourrait survenir j’y ferais toujours face plus facilement sans consommer. Je garde cependant la réserve de la consommation possible d’un médicament dans le cadre d’une prescription médicale (en ayant cependant prévenu le médecin du risque lié à la dépendance).
Suis-je persuadé qu’avec un certain temps d’abstinence ou dans certaines circonstances de ma vie, je pourrais contrôler ma consommation ?
J’ai conscience d’avoir perdu, sans doute même jamais eu, la capacité de consommer avec modération. Une fois c’est trop et mille fois jamais suffisant. Je suis donc persuadé de ne jamais pouvoir contrôler ma consommation. Je souhaite être un NA actif pour demeurer un dépendant inactif !
Quelles sont les réserves que je conserve encore ?
Je ne conserve aucune réserve. Je désire ne jamais plus consommer, quoi que ce soit, en quelque quantité que ce soit, pour quelque que motif que ce soit.
