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Première étape (1/9)

La maladie de la dépendance

Ce qui nous rend dépendants, c’est la maladie de la dépendance, non les drogues ou notre comportement. Il y a quelque chose en nous qui fait que nous sommes incapables de contrôler l’usage de drogues. Ce « quelque chose » nous prédispose à l’obsession et à la compulsion dans d’autres domaines de notre vie. Comment pouvons-nous savoir de quelle manière se manifeste notre maladie ? A quel moment tombons-nous dans un enchaînement d’obsessions, de compulsions, d’égocentrisme, un cycle sans fin qui n’aboutit qu’à une déchéance physique, mentale, spirituelle et émotionnelle ?

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 4.
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Que signifie pour moi la « maladie de la dépendance ?

La dépendance est un besoin vital. Qu’il s’agisse de quelqu’un ou de quelque chose, on ne peut faire sans celui-ci ou celle-là, sans cela. C’est une question de survie personnelle croit-on. La maladie est une dégradation, une déficience, une altération. Son origine peut être externe ou interne. La maladie de la dépendance pourrait donc être l’expression pathogène volontaire ou involontaire d’un besoin vital dont invariablement nous sommes dépossédés.

Après 4 ans de réunions, dont 2 ans de NA, je perçois plus clairement ce que signifie la « maladie de la dépendance ». Lorsque je suis entré dans les salles pour la première fois je venais chercher de l’aide pour endiguer ma dépendance aux produits qui rendait ma vie infernale. Ce fut en fait le début d’un long processus que je ne soupçonnais pas. Notamment l’apprentissage de cette notion de « maladie de la dépendance ».

Je remarque que je n’aime pas dire « malade » malgré le fait que je reconnaisse ma dépendance. Je la vois comme une singularité que j’assume (plutôt que comme quelque chose que j’aurais contracté ou qui serait génétique). D’autres dépendants me font alors remarquer qu’il s’agit peut-être encore là d’un désir de contrôle et donc d’un manque de lâcher prise.

Après 3 ans et demi d’abstinence et le passage à l’écriture de la seconde étape, j’en arrive à me dire que la maladie de la dépendance serait caractérisé par le phénomène de la compulsion. En effet, si la compulsion est définitive les conséquences de la maladie demeurent potentielles, seule l’obsession peut être « canalisée » par l’absence de consommation durant un certain temps. La maladie comme l’obsession sont des conséquences de la compulsion. Quelle serait l’origine de la compulsion ? Physiologique ?

Est-ce que ma maladie s’est manifestée récemment ? Comment ?

Je me rends à des réunions depuis le 24 janvier 2011 et je suis abstinent depuis le 3 décembre de la même année (j’avais alors 42 ans).

J’ai été libéré de l’obsession de consommer après 12 à 18 mois d’abstinence. Aujourd’hui l’envie de consommer ne se manifeste plus sauf qu’en de rares occasions. Dès lors, et quasi immédiatement, le souvenir des conséquences de la consommation me fait renoncer à cette idée et adhérer de nouveau à mon rétablissement.

Il existe des situations émotionnellement propices au réveil de l’envie de consommer : la colère, le stress, la frustration, l’infériorisation, la fatigue, les anciens lieux de consommation, les anciennes connaissances de consommation… Avec l’expérience, j’apprends à prendre des dispositions particulières à chaque situation afin de limiter ces tentations.

Les amis de la Fraternité, ainsi que la littérature, m’ont mis en garde sur le déplacement et l’essaimage des objets de la maladie de la dépendance. Je n’ai pas identifié spontanément ce phénomène et je reste vigilant sur ce point en tentant d’appliquer notre programme à tous les domaines de ma vie. Je constate (et doit donc demeurer vigilant) que j’ai une tendance générale à la procrastination et que je peux « fuir » facilement dans mon usage d’Internet.

Que se passe-t-il lorsque je suis obsédé par quelque chose ? Est-ce que ma pensée suit un scénario ? Le décrire.

Lorsque je suis obsédé par quelque chose mes pensées restent centrées sur l’objet d’obsession. Tel un disque 33 tours rayé, le motif obsessionnel se décline alors à l’infini. Sans issue apparente, il ne reste qu’à s’abîmer dans l’obsession. Le décrochage de cette spirale infernale ne peut se réaliser alors qu’à la condition de prendre de la hauteur par un effort conscient. Faute de ce travail, l’issue peut être extrêmement grave (explosion colérique, consommation, …).

Lorsqu’une pensée me vient à l’esprit, est-ce que je passe à l’acte sans tenir compte des conséquences ? Quelles sont les occasions où je me comporte de façon compulsive ?

Je passe rarement à l’action immédiatement. Je suis plutôt introspectif et réfléchi. Cela ne veut pas dire que je vais agir de manière responsable mais j’ai besoin d’appréhender les choses mentalement au préalable. Ce processus peut aboutir à de terribles batailles intérieures dont l’issue est l’action.
Le comportement le plus compulsif que je connaisse reste le fait de consommer de la drogue sous une forme ou sous une autre. Dans une moindre mesure, je compte un comportement compulsif également dans l’art de la procrastination, de l’utilisation d’un ordinateur (ou d’Internet), de la consommation de chocolat,… Peut-être puis-je dire d’une certaine manière et en différente mesure que je compulse sur tout ce que je fais car j’ai une tendance au perfectionnisme. Je ne suis du coup pas très « rentable » dans mes actions et je me trouve plutôt lent. Ce comportement doit me rassurer dans le sens d’une résistance au changement.

Comment l’égocentrisme, qui est l’un des aspects de ma maladie, affecte-t-il ma vie et celle de mon entourage ?

L’isolement reste pour moi un moyen supposé de protection. Lorsque je dresse les barrières infranchissables entre les autres et moi-même, plus rien ne filtre. Je reste injoignable et indisponible. Je demeure alors indifférent en m’apitoyant sur mon sort et en cultivant mon ressentiment lorsque j’exprime ma maladie. L’apitoiement sur moi-même reflète également l’expression de mon égocentrisme. Je deviens alors l’homme le plus malheureux de la Terre.
Mon égocentrisme fait que je ne développe pas d’entourage. Je ne souffrirai pas la critique alors je m’aime en n’ayant ni besoin d’aimer ou d’être aimé. Mon égocentrisme est aussi le moyen de me protéger de l’égocentrisme des autres.

De quelle façon ma maladie m’affecte-t-elle sur le plan physique, mental, spirituel et émotionnel ?

  • Physiquement, je compulse, je suis alternativement excité puis épuisé, je porte des stigmates (cernes, contour d’œil rouge et/ou sombre, fond d’œil rouge et/ou jaune, un teint gris…), j’ai des douleurs intestinales, je transpire, je tremble ;
  • Mentalement, je suis obsédé par la consommation, je suis excessif et manque de modération ;
  • Spirituellement, je suis dépourvu de distance, de hauteur et donc de discernement ;
  • Émotionnellement, je suis faible, fragile, excessif et à fleur de peau.

Notre maladie peut se manifester de différentes façons. Au début, lorsque nous venons à Narcotiques Anonymes, notre problème est incontestablement la drogue. Par la suite, nous nous rendons mieux compte des ravages occasionnés dans notre vie par la maladie, et des nombreuses façons dont elle se manifeste.

De quelle façon spécifique ma maladie s’est-elle manifestée la dernière fois ?

D’une manière générale un mal profond s’installe, une forme de désespoir, ne laissant nulle issue à toutes tentatives de réactions positives. La situation est fictivement stérile et sans issue, l’impasse. La consommation apparaît dès lors comme le seul moyen de s’affranchir de l’étreinte.
Envie de consommer du 24 décembre 2013 (2 ans d’abstinence) : J’affrontais à ce moment-là (depuis 3 mois) l’angoisse et l’irritabilité de l’arrêt du tabac. La perspective de réveillonner seul a fini de lapider mon moral lorsque me promenant pour trouver âme qui vive je déambulais dans une ville fantôme. Une colère m’a alors envahie ainsi qu’une envie furieuse de boire. Ne souhaitant pas faire cette erreur, je me suis raisonné en deux temps. D’abord j’acceptais de céder sur le tabac plutôt que sur l’alcool, ensuite, je décidais de rentrer pour m’absorber dans un bon film. Finalement, je n’ai ni fumé, ni bu.

Est-ce que j’ai été pris d’obsession pour une personne, un lieu ou une chose ? Si oui, comment cela a-t-il affecté mes relations avec les autres ? A quel point cette obsession m’a-t-elle affecté sur le plan physique, mental, spirituel et émotionnel ?

Une obsession s’est développé chez moi concernant les produits modifiants l’état de la conscience, certaines relations humaines comme certaines « idées ».
A propos des relations humaines, certaines conquêtes amoureuses ont pu devenir obsessionnelles (Sylvie, Ingrid) comme certaines relations professionnelles (Vincent, Manuel). Globalement mon jugement était altéré, mon comportement devenait irrationnel et erratique, mes paroles comme mes actes étaient irrationnels et excessifs. Je devenais incompréhensible, désagréable et le résultat était contreproductif.

  • Physiquement, je pouvais être violent envers moi (dévalorisation, ), envers autrui (paroles, actes) ;
  • Mentalement, j’étais obsédé, compulsif, confus et erratiques ;
  • Spirituellement, je ne disposais plus de discernement ni d’aucun recul ;
  • Émotionnellement, j’étais submergé d’émotions et envahi de passions contradictoires.

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