Principes spirituels
Dans la cinquième étape, nous nous concentrons sur la confiance, le courage, l’honnêteté envers nous-même ainsi que sur l’engagement.
Pratiquer le principe spirituel de la confiance est essentiel pour accomplir entièrement la cinquième étape. Comme nous l’avons déjà mentionné, une relation bien établie avec notre parrain est la source de confiance sans laquelle cette étape ne pourrait progresser. Pourtant, qu’en est-il si nous doutons du bienfait de ce travail ? Nous devons avoir foi en l’intérêt de notre démarche, tout comme nous faisons confiance à un autre être humain. Le lien entre la cinquième étape et notre développement spirituel ne nous apparaît pas toujours clairement. Cela ne signifie pas pour autant que ce lien n’existe pas, mais la difficulté que nous avons à le percevoir peut altérer notre confiance dans le succès de cette démarche.
Suis-je convaincu que, d’une certaine manière, le travail de la cinquième étape améliore ma vie ? Comment ?
Il est encore trop tôt pour être convaincu que, d’une certaine manière, le travail de la cinquième étapes améliore ma vie. Je le suis néanmoins totalement du programme de rétablissement des fraternités anonymes (et donc par extension de la cinquième étape) car lorsque je travaille mes étapes :
- Je m’inscris par l’action dans un processus de rétablissement ;
- Je consolide ma compréhension de moi-même et de la maladie de la dépendance ;
- Je renonce à avoir un cadavre dans le placard et/ou à mettre la poussière sous le tapis.
Le courage est un principe que nous avons à pratiquer pour entreprendre cette étape. Probablement et périodiquement, nous aurons besoin de faire appel au courage pendant tout le travail de cette étape. Quand, par peur, au moment de prendre rendez-vous avec notre parrain ou notre marraine pour partager notre inventaire, nous raccrochons soudain le téléphone avant de lui parler, nous avons besoin de courage. Quand nous partageons notre inventaire et arrivons à un paragraphe qu’il nous semble impossible de révéler, nous avons besoin d’affronter avec courage ce moment de peur pour poursuivre le partage de tout notre inventaire. Lorsque nous venons de partager quelque chose de très douloureux, et qu’un sentiment de vulnérabilité nous submerge au point de vouloir tout arrêter avant d’entendre ce que notre parrain ou notre marraine s’apprête à nous dire, nous nous trouvons à un moment crucial de notre rétablissement et nous devons choisir la voie du courage. Agir ainsi influencera notre avenir. Souvenons-nous que, chaque fois que nous sentons la peur, lui céder ne fait souvent qu’apporter des conséquences désastreuses et qu’il en est de même ici. Un tel rappel devrait suffire pour nous motiver à rassembler notre courage.
Quels sont les moyens dont je dispose pour trouver le courage nécessaire à travailler cette étape ?
Je dispose, pour trouver le courage nécessaire à travailler cette étape, des moyens suivants :
- Une conviction devant la nécessité de m’inscrire dans un processus de rétablissement ;
- Une puissance supérieure que j’aime et qui veut mon bien ;
- Un environnement fraternel, un parrain bienveillant, une dynamique de groupe ;
- Un programme de rétablissement structurant : réunions, littérature, services,…
En travaillant cette étape, quelle influence le courage a-t-il, dans sa pratique, sur l’ensemble de mon rétablissement ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le courage, de mon point de vu, n’entre pas en ligne de compte dans le fait de devenir abstinent. Il s’agit là plutôt de capitulation devant la dépendance. Par contre, le processus de rétablissement qui s’inscrit dans le temps long, demande le courage de demeurer prudent, patient, confiant et persévérant sur la durée. La reconstruction, l’acceptation et l’estime de soi ne voient le jour que très progressivement dans un travail qui peut s’avérer décourageant.
Est-ce que j’ai fixé un lieu et une date pour partager ma cinquième étape ? Où et quand ?
Au moment ou j’écris ces mots, non, je n’ai pas fixé un lieu et une date pour partager ma cinquième étape. Je note de le faire dans mon agenda.
Pratiquer le principe d’honnêteté envers soi est essentiel pour pouvoir reconnaître la nature exacte de ses torts et se les avouer. De même que nous ne devons pas nous dissocier de nos émotions, par peur des réactions de la personne qui nous écoute, nous ne pouvons pas nous permettre de bloquer les nôtres. Nous devons nous autoriser à avoir les réactions naturelles et humaines que suscite en nous ce que nous sommes en train de révéler : notre vie en tant que dépendant. Cette vie a souvent été triste, et nous a fait passer à côté de beaucoup de choses. A cause de la dépendance, nous avons fait du mal aux gens que nous aimions. En prendre conscience est douloureux. Cependant, avec un peu d’attention, nous reconnaîtrons probablement un autre sentiment qui émerge de ce sillage de souffrance, et ce sentiment est l’espoir.
Les émotions ne nous mènent plus à la consommation, nous ne les fuyons plus et nous ne nous fermons plus à cause d’elles. A présent, pour la première fois, nous avons l’occasion de les vivre avec courage, y compris celles qui sont douloureuses. Avec le temps, et en agissant ainsi, nous nous sentons mieux avec nous-mêmes. C’est l’un des paradoxes que nous rencontrons souvent en rétablissement : ce qui commence dans la souffrance se termine dans la joie et la sérénité.
Par le passé, comment fuyais-je l’honnêteté envers moi-même ? A présent, de quelle manière suis-je en train de la pratiquer ?
Au bout du bout, j’estime que c’est un déni de réalité concernant la maltraitance dans mon enfance qui m’a longtemps empêché d’être honnête envers moi-même. Je n’ai que très tardivement pu reconnaître cette maltraitance et comprendre mon rôle de victime (et non de coupable). Ce contexte de départ a ensuite été un terreau fertile pour déployer des moyens de fuire l’honnêteté envers moi-même. Des moyens tels que : la dépendance active, le rejet de moi-même et des autres, l’exclusion, la marginalisation…
Aujourd’hui et depuis peu de temps, je pense avoir levé ce déni de réalité. Non seulement je revisite progressivement ma réalité personnelle passé et présente pour découvrir et m’imprégner d’une nouvelle grille de lecture mais je tente de le faire dans l’accueil et l’acceptation. Il s’ensuit un climat intérieur de sérénité là où auparavant seul le tourment avait sa place. Je pratique à présent l’honnêteté envers moi-même en ayant une attitude d’accueil, d’acceptation, de confiance et de gratitude.
En quoi l’humilité découle-t-elle d’une vision plus réaliste de moi-même ?
Le mot humilité est généralement considéré comme un trait de caractère d’un individu qui se voit de façon réaliste. L’humilité s’oppose à toutes les visions déformées qui peuvent être perçues de soi-même (orgueil, égocentrisme, narcissisme, dégoût de soi), visions qui peuvent relever de la pathologie à partir d’une certaine intensité. L’humilité n’est pas une qualité innée chez les humains ; il est communément considéré qu’elle s’acquiert avec le temps, le vécu et qu’elle va de pair avec une maturité affective ou spirituelle. Elle s’apparente à une prise de conscience de sa condition et de sa place au milieu des autres et de l’univers.
Dans quelle mesure l’honnêteté envers moi-même, dans sa pratique, m’aidera-t-elle à m’accepter ?
L’honnêteté dont nous parlons ici, c’est l’honnêteté face à soi, face à la réalité qui fait grandir. Cette honnêteté demande d’être humble car il s’agit d’assumer, d’accepter et d’approfondir ce que je suis en réalité. Sans l’humilité, il m’est impossible d’être honnête, parce qu’il y aura toujours des parties de moi que je ne pourrai accueillir, assumer et accepter. En n’étant pas capable de m’accepter entièrement, j’enclencherai inconsciemment des mécanismes de défense tels que la négation, la rationalisation, les pensées illusoires, l’isolement, l’apitoiement, la temporisation, etc. Pour avancer sainement dans la vie, l’honnêteté et l’humilité sont indispensables. Elles me permettent de me voir tel que je suis, avec mes forces et mes difficultés, afin de m’ouvrir à l’acceptation.
Le principe d’engagement se manifeste par les actes que nous accomplissons dans cette étape. Beaucoup ont pris de prétendus « engagement » dans leur vie, engagement qu’ils n’avaient plus l’intention de tenir dès la première difficulté ; ces « engagements » étaient pris uniquement pour des raisons de commodité. Chaque étape que nous avons entreprise dans le programme de NA a été le moyen de renforcer notre réel engagement envers le programme. Prendre un parrain ou une marraine, travailler les étapes, trouver un groupe d’appartenance et assister à ses réunions : tous ces actes montrent notre engagement significatif et concret envers le rétablissement.
Comment le fait de partager mon inventaire avec mon parrain renforce-t-il mon engagement envers le programme de NA ?
Lorsque je m’inscris dans cette tradition, suggéré dans la fraternité, de travail et de partage des étapes, je renforce mon engagement envers le programme de Narcotiques Anonymes. Ainsi le fait de partager mon inventaire avec mon parrain renforce mon engagement envers le programme de NA car :
- Je m’inscris par l’action dans la perpétuation d’un nouveau mode de vie ;
- Je m’en remet (en confiance) à une puissance supérieure, à moi-même et à mon parrain ;
- Je consolide mon sentiment d’appartenance à une lignée de parrains-filleuls et à une fraternité.
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